Nous vous proposons aujourd’hui un texte concernant l’information voyageur. Là aussi, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer les choses…
J’ai été malgré moi l’acteur d’une situation totalement hallucinante, et je tenais absolument à vous la faire partager.
Jeudi 31 janvier 2013, 18h10, j’arrive à Auber dans l’intention de rentrer chez moi. Ma gare de destination est Chatou-Croissy, théoriquement desservie aux heures de pointe toutes les 10 minutes par les trains à destination du Vesinet – Le Pecq.
Je consulte l’écran indiquant les prochains trains. Aucun train d’annoncé pour cette destination. Mais aucun incident non plus. Dans 2 minutes va passer un train à destination de Poissy, puis rien pendant 10 minutes, avant que d’autres trains arrivent, respectivement à destination de Poissy (encore), St Germain, Cergy, et Poissy. Oui un gap de 10 minutes en pleine heure de pointe, mais tout va bien (les messages automatiques continuent de nous annoncer fièrement « un train toutes les 2 minutes dans Paris aux heures de pointe »)
Le 1er train pour Poissy passe, et vient alors s’ajouter un nouveau train pour St Germain à la suite de cette liste. A ce moment là, j’ai au bas mot 25 minutes à attendre pour avoir un train, qui, je le sais déjà, arrivera totalement rempli (et pour cause), avec donc le risque que je ne puisse pas monter dedans.
C’en est trop. J’ai du temps devant moi (sic), et je décide donc de me rendre au bureau « informations » situé dans la salle d’échanges. Mon objectif : compte tenu de la situation, demander à ce que les prochains trains en direction de St Germain, soient rendus omnibus. A l’heure actuelle, ils vont traverser ma gare, ainsi que celle du Vésinet-Centre. Un système clairement dépassé. Le « E » de RER signifie Express certes, mais s’il ne dessert pas la banlieue…
Le bureau d’informations est plutôt bien caché, il faut savoir où il se trouve. Par chance, c’est mon cas. Arrivé sur place, aucun client, et deux agents RATP assis au comptoir qui me font donc face. Ça confirme ce que je pense, ils seraient bien plus efficaces sur les quais à la rencontre des voyageurs qu’enfermés dans leur guitoune. Je me lance, courtois :
– Bonsoir, je reviens du quai direction Ouest, et je constate qu’il n’y a aucun train à destination de Chatou dans les 25 prochaines minutes.
L’un des deux agents lance alors sur son ordinateur un logiciel. Première indication qui aurait due m’inquiéter, au guichet « informations » du RER A, savoir quand passent les prochains trains ne tombe pas sous le sens. Ceci dit, j’ai au moins pu admirer le magnifique fond d’écran « plage de sable fin » de l’ordinateur. Après quelques secondes de scrutage d’écran, voici ce que l’on me répond :
– Le prochain train pour St Germain passe dans 10 minutes, monsieur.
Pause : non vous ne rêvez pas, le guichet RATP « informations » du RER A vient tout simplement de me délivrer une information fausse. Car ledit train ne s’arrêtera pas à Chatou. Si je n’étais pas un habitué, mais un touriste ou que sais-je encore, on m’aurait mal informé, et je me serais trompé. Je réponds alors, avec toujours ma requête sous-jacente en tête :
– Oui mais les trains à destination de St Germain ne s’arrêtent pas à Chatou.
– Vous êtes sûr ?
– Ça fait 5 ans que j’y suis confronté au quotidien, je commence à le savoir, oui.
Pause n°2 : donc en 2013 le guichet RATP « informations » du RER A n’a même pas connaissance des différentes missions et dessertes de la ligne selon les périodes. Ça devient inquiétant. Et bien sûr, un indicateur papier afin de vérifier mes dires, non, ça ne leur traverse pas l’esprit. Vous savez ce même indicateur affiché dans toutes les gares, sur lequel on distingue clairement les semi-directs. Et là, la discussion prend un angle technique assez hallucinant.
– C’est quoi le nom de la mission ? me demande-t-on.
Car évidemment, en tant qu’usager, tout le monde connait par cœur le nom des missions des trains qu’il emprunte, n’est-ce pas ? Comme je suis observateur et que tout ça m’intéresse, je connais la réponse.
– ZINC.
– Oui et bien ZINC, il est terminus St Germain.
– Oui, mais il ne s’arrête pas dans la gare où je vais.
– Et alors c’est quoi la mission qu’il vous faut ?
– En l’occurrence, XOUD.
– Ah, XOUD… Et XENO ?
– Euh…
Pause n°3 : cette conversation a vraiment lieu, là ? Et après consultation de l’écran magique :
– Donc le prochain XOUD, là il part de Joinville-le-Pont.
Si je me fie à l’indicateur, en théorie, il lui faut donc encore 21 minutes avant d’arriver à Auber. Il devrait y avoir, toujours en théorie, 2 trains « XOUD » dans ce laps de temps. Qui n’existent donc pas, et ce, sans explications.
– Et donc, d’ici là, serait-il possible que les prochains trains pour St Germain soient rendus omnibus pour palier ce manque ?
– Vous n’y pensez pas monsieur !
Et bien si, précisément. Note : j’ai déjà effectué une telle demande à un conducteur à Rueil-Malmaison, qui a obtenu l’aval de la part du régulateur.
– Vous ne pouvez pas contacter le régulateur ?
– Non, on a aucune interaction possible.
Je commence à entrevoir un tout petit morceau de l’énorme merdier que semble être l’organisation à la RATP.
– De toutes façons le régulateur et les conducteurs sont au courant, vous savez ?
Ah je m’en doute, mais moi aussi, et tous les gens dans la même situation que moi aussi… On est tous très au courant qu’on va poireauter comme des cons, et qu’on va rentrer chez nous à je ne sais pas quelle heure.
– En cas de fortes perturbations seulement, les trains sont rendus omnibus.
Mais bien sûr (malheureusement oserai-je presque marquer), il n’y a aucun problème, tout va bien dans le meilleur des mondes. Juste, il n’y a aucun train pour me permettre de rentrer chez moi. Mais tout va bien. Si j’avais l’esprit tordu, ça veut dire que potentiellement, si je tire le signal d’alarme 2 ou 3 fois, histoire de définitivement foutre le bordel sur toute la ligne, alors on considérera que ce sont de fortes perturbations, et enfin ces trains seront rendus omnibus ? De mieux en mieux…
Bref, voyant que je n’obtiendrai rien de ces deux agents extrêmement compétents, je regagne le quai en espérant à nouveau que le conducteur et le régulateur seront compréhensifs à Rueil… Mais je ne le saurais jamais.
Le 1er train pour St Germain arrive, bondé, sans surprises. Je décide de ne pas faire le forcing, lassé de voyager dans de telles conditions.
Finalement j’emprunterai le 2nd train pour St Germain, qui rencontrera de telles difficultés de circulation qu’arrivé à Rueil, le prochain train pour le Vésinet-Le Pecq, le fameux XOUD, sera annoncé 2 minutes après seulement. Dans ces conditions, inutile d’aller négocier avec le conducteur. Et puis au fond, 2 minutes de plus, ce n’est rien, quand on en a déjà perdu 30…